dimanche 30 octobre 2011

Note de l'auteur:

"Le voyage en Rumorie (Elisabeth GILET) éditions Baudelaire, janvier 2011", exploration au coeur d'une étrange contrée, le pays de la rumeur, nous conte les mésaventures d'une enseignante à l'université, victime de la rumeur publique à la suite d'une usurpation d'identité et martyrisée pendant des années par une famille se disant appartenir à la communauté rom d'un côté tout en le niant de l'autre. De quelle manipulation a-t-elle été l'objet? De quel coup monté et pourquoi? Qui se cache derrière cette affaire crapuleuse? Il touche aussi au droit des Femmes à pouvoir vivre en paix et circuler librement au sein de la cité. 

  "Et puis un matin, on se réveille plus forte, prête à affronter le Diable à qui on avait vendu son âme dans l'espoir de se venger un jour de tous ceux qui vous ont fait tant de mal.
Le temps est venu de leur tendre le miroir en toute sérénité."

       Ce témoignage nous entraîne dans un flot de péripéties parfois humoristiques souvent bouleversantes générées par un phénomène dévastateur: la rumeur. "L'héroïne" en quête de vérité en démonte inlassablement le mécanisme pièce à pièce pour parvenir à le remonter jusqu'à la source. Le récit se déroule dans une ville possédant l'une, si ce n'est la plus belle place du monde. Depuis plus de vingt ans, une enseignante à l'international est victime d'une rumeur, de fixations et de harcèlement quotidien incessant assorti d'injures, diffamations, chantage, scandales publics, agressions, actes de torture: intoxications au gaz, au risque de faire sauter tout le quartier, usage d'arsenic et de produits à haute dangerosité, menaces de mort, de la part d'individus crapuleux.
Cette enseignante pistée, traquée dans ses moindres déplacements, dans chaque acte de sa vie, en ville, sur le campus universitaire et jusque dans ses lieux de villégiature, dénoncée en tant que franc-Maçon et que l'on tente de faire passer pour "arabe et putain", blessant par des injures réitérées les étudiants originaires des pays du Maghreb, perturbant les cours, est accusée de "sortir" avec un collègue, un certain Brelandier qu'elle ne connaît pas personnellement. Elle découvrira qu'elle a été victime d'une usurpation d'identité: il "sortait" avec sa soeur (à lui) en la faisant passer pour elle (l'enseignante), et prendra conscience peu à peu que le "maître du jeu" ne peut être que Brelandier, personnage énigmatique et trouble se disant corse, fasciné par les milieux interlopes et le thème du double. D'où la virulence de ses nombreuses maîtresses, de toutes origines sociologiques, et surtout de son épouse  régnant sur le monde de la pègre et les nuits de la ville: toujours accompagnée de ses sbires, la redoutable et peu recommandable Dina Brelandier  ("Princesse") affirme entretenir des relations intimes avec des policiers de la B.A.C. (Brigade anti-criminalité).
Il y a aussi ce golem fou prénommé Gédéon surnommé Kiki, par l'auteur:"Une face de lune suggérant une citrouille d'Halloween avec une entaille en guise de bouche, masque vide, dantesque, procédant davantage du néant que de l'être. Cet être "humain" tout à la lisière d'une autre entité semblait fait pour inspirer l'effroi." et sa diabolique compagne, se disant membres de la communauté rom tout en le niant, pénétrés d'un fort sentiment de supériorité raciale, tous deux amoureux de Brelandier depuis l'enfance, leur oncle psychopathe, étrangleur patenté habillé en prêtre, leurs familles, autant de personnages inquiétants versés dans l'art du déguisement et de la tromperie qui iront jusqu'à s'en prendre à la mère de "l'héroïne" (institutrice en retraite) s'installant sous son appartement situé dans un autre secteur de la ville, causant un tapage permanent, traînant dans la boue le joli nom alsacien de cette charmante et respectable vieille dame.
Mais qui est Brelandier? Quel rôle ont joué dans cette affaire une journaliste médiocre, ambitieuse autant que peu scrupuleuse, certains policiers dont le pitoyable Carnac, harceleur sexuel à ses heures? Et dans quel but? Loin de faire la lumière, ils participent activement à l'institutionnalisation de la rumeur, à son ancrage au sein de la cité. Brelandier serait-il "sorti" autrefois, comme le dit la rumeur, avec une fille âgée d'à peine quinze ans, peut-être moins, appartenant au clan de Gédéon (Kiki)? Ce dernier se vantant d'avoir des "copains" à la B.A.C. et un "tonton" dans la police. Qui donc alors est ce policier de la brigade qui diffame depuis des années notre "héroïne" malgré elle, affirmant qu'elle est "une chienne et une putain " et qu'il l'a aperçue avec Brelandier dans des positions extravagantes? Et pourquoi une telle solidarité de la part de la brigade qui refuse obstinément de porter assistance à cette enseignante tout en étant particulièrement bien disposée envers ses persécuteurs?  Pourquoi un tel acharnement? (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, ayant valeur constitutionnelle, à l'article 12: «  La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ».) Autant de dérives mettant en cause la qualité du recrutement et des formations à la base. Que dire encore des manquements au code de déontologie de tel ou tel agent (en uniforme) de la police municipale, du parti-pris et de la complicité de certains personnels sociaux.
En outre, que s'est-il passé dans l'immeuble où cette enseignante croyait trouver refuge et où, précédée ou rejointe par la rumeur, elle côtoie des monstres, toute une galerie zoomorphe: l'abominable vieillard Torcenard, faux invalide percevant indûment une pension, as de la cambriole, fou de Dina Brelandier, amoureux de la mort des chats, qui s'introduit chez ses voisins en leur absence, les intoxique, à l'instar de Gédéon (Kiki) et sa compagne, perçant à cet effet des trous dans les murs et plafonds, agresse les femmes à coups de canne et aurait été aperçu entrant et sortant du siège de la Gestapo pendant toute la durée de la guerre?  Arrêté par les Américains à la Libération du territoire, il aurait réussi à se sauver et à aller se cacher dans une roulotte en banlieue de la ville avant de revenir s'installer dans l'immeuble, comme si de rien n'était, se souviennent d'anciens habitants de l'immeuble. Sans compter la famille de ce tortionnaire et dénonciateur (selon la rumeur), son effroyable moitié qui "ne mange jamais du gâteau que des étrangers [lui] donnent car il y a des gens qui y mettent de la mort-aux-rats", leurs enfants et en particulier leur fille, dame Hersende, "ex"-prostituée enragée de Brelandier, ses "amis", ou bien encore le fils pompier, alcoolique notoire passé maître dans l'art des bruits, fabricant d'instruments sonores destinés à empêcher les voisins de dormir, le syndic de l'immeuble et son épouse, les amis sycophantes du quartier, dame Margoulette, passionnée de plantes carnivores, les sarracéniacées...  Un cas préoccupant de possession collective. Elle y croisera les ombres du passé, le souvenir d'une vieille dame juive morte quelques années après la Libération dans des conditions dramatiques après un cambriolage non élucidé. Elle recueillera à cet égard des témoignages édifiants et bouleversants dont celui d'Edwige. Pour finir, elle y sera elle-même soupçonnée d'être franc-Maçon et victime d'un complot. Elle éprouvera alors le sentiment d'avoir vécu un peu ce qu'a pu être la vie d'une femme traquée à l'époque de Vichy.
L'objectif de l'auteur consiste à sensibiliser la jeunesse au phénomène de la rumeur et à amener le lecteur à s'interroger: ce récit où le grand-guignolesque se mêle à l'ignominie pouvait-il n'être que fictif? Quel lien relie tous ces personnages malfaisants? Gédéon (Kiki) pourrait-il être le fils naturel tardif de Torcenard? Son petit-fils?
Que s'est-il passé? Cette famille bénéficie-t-elle de largesses en échange de services? Des hommes de main en quelque sorte. Un tel scénario ayant pour objectif de faire déconsidérer cette enseignante, de la faire passer pour folle et de la détruire défininitivement? Pour quelle raison la compagne de Gédéon hurle-t-elle interminablement le nom de Brelandier lors de crises paroxystiques quotidiennes diurnes et nocturnes? Pourquoi déclare-t-elle inlassablement: "Ce n'est pas vrai qu'elle n'a pas couché avec Brelandier. Vous n'allez pas me dire qu'il faisait ça avec sa soeur! etc." Comment une telle affaire aurait-elle pu durer aussi longtemps à notre époque dans une aussi jolie ville? Pourquoi un tel laxisme? Cette enseignante à qui on a infligé un véritable martyre, se bouchant les oreilles, se gaussant de ses déclarations, parviendra-t-elle à surmonter toutes ces épreuves et de quelle manière? Découvrira-t-elle qui se cache en réalité derrière cette affaire hors norme? Saura-t-elle, en définitive, tourner la clé? 
L'auteur précise que cette publication ne constitue qu'une étape de l'enquête à laquelle elle s'est attachée pendant toutes ces années jusqu'à aujourd'hui et que des événements ultérieurs sont venus éclairer cette affaire de manière indubitable et définitive. Car il peut arriver que le piège se referme sur ceux qui l'avaient tendu. A suivre...

* J'ai dédié ce livre à mon père, Lorrain né à Nancy, ancien combattant de la Première Armée Française Rhin et Danube. Fils, petit-fils et arrière petit-fils d'anciens combattants lorrains et alsaciens. "Papa, je suis allée à Colmar, me recueillir devant le monument dédié à la 1ère Armée. Et ils m'ont injuriée! " * Pourquoi à mon père? J'entends souvent en ville cette étrange réflexion. Eh bien parce qu'il me manque et qu'il m'a montré le chemin, celui du courage et de l'honneur.